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Crééé en 1964 à Lamballe, la Cooperl est aujourd’hui bien loin du petit groupement de 25 éleveurs des origines. Devenue une multinationale du porc, la…
Dans notre enquête consacrée à la méthanisation, en septembre 2022, nous rappelions les risques environnementaux et sanitaires d’une technologie nécessitant une maîtrise irréprochable et induisant une réelle expertise.
Mais surtout, l’enquête réalisée par Julie Lallouët-Geffroy et Raphaël Baldos mettait en lumière les contours d’un nouvel eldorado éveillant des convoitises et faisant entrer sur l’échiquier agro-industriel régional le lobby des énergéticiens. Une enquête lancée après la pollution accidentelle de l’Aulne, survenue le 17 août 2020, à la suite d’un dysfonctionnement du méthaniseur de Châteaulin (29) érigé et géré par la SARL Centrale biogaz de Kastellin.
Cette société avait été créée en 2003, par le groupe Vol-V Biomasse, un opérateur intégré de production d’énergies renouvelables. Le groupe a vendu en février 2019 sa filiale Vol-V Biomasse au groupe Engie affichant principalement un objectif de « baisse des coûts de production ».
Au 1er janvier 2020, les filiales Vol-V Biomasse et Engie Biogaz fusionnent pour créer Engie Bioz. Cette filiale du groupe Engie est dédiée au développement, à la réalisation et à l’exploitation des projets de biométhane en France. La pollution provoquée par les 400 m³ de digestat déversés par le méthaniseur de Châteaulin, à quelques centaines de mètres du point principal d’approvisionnement en eau potable dans l’Aulne, est survenue huit mois plus tard. Elle a conduit à priver 180.000 personnes d’eau du robinet pendant cinq jours, jusque dans des communes littorales du Sud-Finistère. La pollution a aussi contraint les communautés de communes de Douarnenez et Crozon, notamment, à distribuer « trois litres d’eau par habitant et par jour » durant cette période.
Le jeudi 16 novembre 2023, Engie Bioz, société aujourd’hui gestionnaire de l’équipement défaillant, a été reconnue coupable par le tribunal correctionnel de Quimper. Elle devra s’acquitter d’une amende de 150.000 € dont 50.000 € avec sursis (le procureur de la République a requis 150.000 € d’amende dont 75.000 € avec sursis). Ce n’est évidemment pas le principe de la méthanisation qui a été mis au débat lors de l’audience du 28 septembre. La justice cherchait à établir si les exploitants avaient bien pris toutes les mesures de prévention. En s’interrogeant notamment sur un défaut de maintenance préventive et la sécurisation d’un dispositif d’alarme.
Au cours de l’audience, le représentant d’Engie Bioz (qui n’avait pas cette fonction au moment des faits) n’avait pu que reconnaître un défaut de conception du dispositif de sécurité, amenant le tribunal à considérer être « dans le scénario d’une catastrophe annoncée ».
Devant les juges, Eau et rivières de Bretagne, (l’une des treize parties civiles) a estimé que les faits auraient pu être évités, rappelant que « dès 2018, l’association avait alerté sur les conditions de stockage du digestat », avant de s’étonner de la stratégie de « développement de la filière méthanisation dans une région saturée ».
Lire notre enquête sur la méthanisation
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